L’impact du Coronavirus en quatre portraits

StephaneGoel

La 7ème Soirée de l’Audiovisuel Indépendant Romand devait avoir lieu le 27 avril 2020 et nous nous réjouissions d’y accueillir les représentant·e·s politiques de toute la Suisse romande. Évidemment, au vu des mesures sanitaires et de l’annulation de la tenue physique du festival Visions du Réel, elle n’a pas pu avoir lieu. Nous aurions souhaité pouvoir communiquer une nouvelle date à l’automne, mais force est de constater qu’une incertitude bien trop grande règne encore sur la tenue d’événements dans les semaines et les mois à venir, ce qui est symptomatique des préoccupations de notre secteur.

Pour reprendre notre façon désormais traditionnelle de faire connaître nos enjeux lors de cette soirée, nous partageons ci-dessous quatre portraits de professionnel·le·s du cinéma, sous l’angle de leurs difficultés dans le contexte de la crise pandémique que nous vivons. 

PAULINE GYGAX, PRODUCTRICE

Pauline Gygax

Co-fondatrice et co-propriétaire de Rita Productions sàrl (MA VIE DE COURGETTE, HELVETICA, etc.) et Bandita Films sàrl (AU SUD de Lionel Baier et LA LIGNE d’Ursula Meier), Pauline Gygax a vu toutes ses productions en cours mises à l’arrêt forcé. Une gestion de crise qui dure depuis mi-mars, entre la course aux liquidités, les démarches d’indemnités pour ses employé·e·s, les tentatives de limiter les frais, elle perçoit une indemnité d’employeuse plafonnée à 3’320 CHF pour son propre salaire. Les indemnités culturelles étatiques pourraient permettre de sauver partiellement les meubles pour les productions reportées. La planification d’un tournage qui implique la participation de 150 à 200 personnes sur plusieurs lieux en Suisse et à l’étranger est un casse-tête complexe en temps ordinaires. En réorganiser trois dans l’incertitude totale d’une pandémie mondiale se révèle un challenge hors norme, mais c’est bien une industrie entière qui dépend de cette reprise.

MARC ZUMBACH, CHEF OPÉRATEUR

Marc Zumbach avec sa steadicam sur le tournage de la série Bulle, d’Anne Deluz

Spécialiste de la steadicam, vous aurez vu des plans séquences filmés par Marc Zumbach dans la série BULLE ou la 2ème saison de QUARTIER DES BANQUES. Entre ces mandats, il travaille aussi comme caméraman indépendant pour la télévision, le sport ou la publicité. Tout s’est arrêté du jour au lendemain. Depuis l’extension des APG à tous les indépendant·e·s le 16 avril il peut enfin toucher… 1’420 CHF par mois. Son activité comme celle de la plupart des indépendant·e·s du domaine culturel varie énormément d’une année à l’autre, et les périodes de facturation sont irrégulières. Ses allocations ont été calculées sur son revenu AVS en 2019, une année durant laquelle il vivait encore principalement sur ses gains facturés en 2018. Si le calcul s’était basé sur les trois dernières années, il toucherait de quoi traverser cette crise aujourd’hui. Mais il se demande surtout comment il va survivre économiquement au delà du 16 mai quand le droit aux APG en lien avec le Covid-19 expirera, mais que les tournages et les événements sportifs seront loin de reprendre.

ELEONORA POLATO, INGÉNIEURE DU SON

Eleonora Polato en plein mixage son en studio chez Masé à Genève

Au début de la crise, Eleonora Polato, salariée chez Masé Studio à Genève, n’était pas directement affectée. Les mesures sanitaires ne l’ont pas empêchée pas de faire son travail de mixage sonore comme celui du documentaire LEOFORIO, en compétition nationale à Visions du Réel. Avec tous les tournages à l’arrêt, le chômage technique a fini par arriver. Mais lorsque toute la Suisse sera déconfinée, elle devra encore attendre plusieurs mois avant que les premiers tournages qui auront repris se terminent et que la post-production puisse commencer. Aura-t-elle droit aux RHT pendant ce temps-là?

STÉPHANE GOËL, RÉALISATEUR

Stéphane Goël et le protagoniste de son film CITOYEN NOBEL, le Prix Nobel de Chimie et activiste du climat Jacques Dubochet.

Son documentaire CITOYEN NOBEL venait de sortir en salles au moment où la crise a frappé. Dix dates d’avant-premières dans toute la Suisse romande en présence de son protagoniste Jacques Dubochet, et autant de salles remplies, tombent subitement à l’eau. Lorsque les cinémas rouvriront, rien ne garantit que son film retrouve une chance d’être programmé. Aucune mesure n’est prévue à ce jour pour compenser la perte de recettes espérées, des droits d’auteur, et de primes de succès en salles, autant de revenus qui permettent habituellement à un réalisateur comme Stéphane Goël de gagner sa vie et de démarrer un nouveau projet.


 Comme la majorité des secteurs économiques, la culture est durement touchée par la crise pandémique et elle sera la dernière à pouvoir redémarrer. Cette épreuve révèle et exacerbe les forces et les faiblesses de notre modèle économique. Nous sommes très reconnaissant·e·s de l’engagement de la Confédération et des cantons pour protéger et soutenir la culture, et de l’écoute de nos élu·e·s vis-à-vis des particularités de notre secteur d’activité.


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